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enrôlements.

des bois et marais, assuraient leur indépendance. Dans la plénitude de leur liberté, ils contractaient des alliances avec les hobereaux du voisinage, au service desquels ils s’engageaient volontiers pour une campagne ou deux. Le sol, médiocrement cultivé, nourrissait mal une population parsemée, que décimaient un climat insalubre, les infanticides, des escarmouches fréquentes entre clans et tribus. Tous les ans, des émigrants descendaient, descendent encore, aux basses terres pour y trouver à vivre ; ils se casent suivant leurs castes et métiers, se font bûcherons, manœuvres, matelots, messagers, commissionnaires ; prennent du service comme domestiques, pâtres ou bergers. Les uns s’enrôlent dans les bandes du crime, les autres dans l’armée de la répression. Jusqu’aux derniers temps, leur grande ressource était de s’engager chez les Païks, ou vassaux de la couronne, en qualité d’archers et soldats, à la façon des Suisses montagnards, qui se louaient, comme lansquenets ou gendarmes, au plus offrant et dernier enchérisseur, qu’il s’appelât pape de Rome, Venise ou république de Florence, roi de France ou empereur d’Allemagne. De tout temps, on recherchait les Khonds comme miliciens ; les princes ne voulaient qu’eux pour gardes du corps, donnaient bon prix de leurs services, car ils les connaissaient pour sobres et infatigables, les savaient de race martiale, intraitables sur le point d’honneur, ponctuels à tous engagements, prêts à se faire hacher plutôt que de manquer à la parole donnée. Ils ne pouvaient qu’apprécier la bravoure éclatante, la vaillance chevaleresque de ces hommes qui partout sollicitaient le poste du danger, ou même le réclamaient comme leur droit, et s’attachaient passionnément à leur chef, pour peu qu’il le méritât, voire sans qu’il le méritât.