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les kolariens du bengale.

enclavaient, quoique ou parce que ne s’élevant pas jusqu’à la notion d’État.

Ce n’est pas que plusieurs de ces Kolhs et de ces Khonds ne dussent reconnaître la suprématie d’Orissa, fière de ses guerres et conquêtes, de ses gloires et victoires, et qui déploya sa plus haute splendeur au temps de Charlemagne et de Haroun al Raschid. Pendant une dizaine de siècles, du ve au xvie, ce royaume imposa aux peuplades inférieures un modus vivendi qui survécut à sa chute, se perpétua sous la dynastie musulmane de Delhi, et subsiste plus ou moins sous la domination anglaise. Le souverain, sorte d’empereur féodal, commandait à des maharajahs, rajahs et zémindars, à des païks, au nombre de 150 à 200,000, vassaux inégaux en pouvoir, richesse et autorité, autant que dans le Saint Empire furent magnifiques ducs et marquis, illustres comtes, puissants barons, petits sires, minces seigneurs bannerets, mais tous chevaliers et gentilshommes, qui, — à l’armée, étaient les « hommes de l’Empereur » — à la cour, ses serviteurs, — et, sur leurs terres, des maîtres indépendants qui exerçaient les droits de haute et basse justice. Le sceptre du suzerain d’Orissa pesait sur les grands feudataires, lesquels faisaient pression sur les moindres ; les derniers se dédommagement sur les indigènes planicoles, entre autres, sur les pauvres Sourahs, qui, tombant en un dur esclavage, furent traités en ilotes. Protégés par une première ligne de marais, les Kolhs et Khonds des coteaux avaient la paix, mais à condition d’apporter en tribut aux rajahs quelques produits des jungles, et de fournir aux temples et aux domaines seigneuriaux un travail qu’on ne leur payait point, d’où leur nom de vettiahs, ou corvéables. Quant aux congénères du haut pays, les fièvres, en sentinelle devant le boulevard