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race esquimale.

servés, comme des brutes et des ignares. Se prenant pour mesure de l’entière humanité, il ne trouve aucune expression trop forte pour indiquer la distance entre eux et lui.

Quoi qu’il en soit, nul peuple n’est plus curieux que celui des Inoïts. Aucune race n’est moins mélangée, plus homogène et nettement caractérisée. Cependant, elle est répandue par une longueur de 5 à 6,000 kilomètres, sur un territoire qui s’étend du tiers à la moitié de la circonférence terrestre, prise au 67° 30’ de latitude. Morton, en 1849 déjà[1], faisait des Esquimaux et autres races polaires une seule famille, celle des Mogolo-Américains, à laquelle appartiennent : le Groenland avec ses millions d’hectares sous neige, le vaste Labrador, l’immense fouillis d’îles et péninsules, connu sous les noms de terres de Baffin, Melville, Boothia, Victoria, Wollaston, Banks, Parry, Prince Albert. Plus, toute l’extrémité N.-Ô. du continent américain. Plus, l’archipel Aléoute. S’y rattachent à divers degrés, d’Alaska et la Reine Charlotte jusqu’à Vancouver, les Thlinkets[2], Koloches[3], Kouskowins, Haidas, Ahts et autres tribus du littoral, lesquelles s’indianisent à mesure qu’elles s’avancent vers le midi. Rink, Dallas et Friedrich Mueller n’hésitent pas à gratifier la race esquimaude des longues côtes qu’habitent les Tchouktches, Korjaks, Tschoukajires, quelque mélangés qu’ils soient avec des hordes asiatiques. Pour faire bref, nul ne contestera l’opinion de Latham :

« Les Esquimaux occupent une position géographique qui leur vaut une importance exceptionnelle. De leur affinité plus ou moins marquée avec plusieurs autres fa-

  1. Crania americana.
  2. Ou Klingits.
  3. Koljoutches, ou Koltchones.