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les inoïts orientaux

suivant. M. Bessels, qui faisait partie de cette expédition, eut tout loisir pour étudier de près cette population presque inconnue jusqu’à lui et ne faillit pas à l’heureuse occasion.

Nous ne regrettons qu’une chose, c’est que son récit soit si court. Néanmoins, nous le prenons pour autorité principale, et Ita pour quartier-général. Nous élargirons le cadre par divers renseignements sur les autres Inoïts du pôle, et nous nous étendrons sur les Aléouts à l’extrémité occidentale du continent américain. De la sorte, nous nous formerons une idée tolérablement complète de la race esquimale, faisant comme le botaniste qui, ayant à décrire une espèce comprenant une multitude de variétés peu distinctes, fait choix des deux plus dissemblables, et néglige les intermédiaires.

Le paysage arctique est partout semblable au paysage arctique. Les sublimes horreurs de ce

Gouffre d’ombre stérile et de lueurs spectrales[1],

il faut les avoir vues pour oser les décrire. Nous empruntons les lignes qui suivent, à plusieurs voyageurs, parmi lesquels l’infatigable Petitot :

« Des montagnes de glace, des plaines de glace, des îles de glace. Un jour de six mois, une nuit de six mois, effrayante et silencieuse. Un ciel incolore où flottent, poussées par la bise, des aiguilles de givre ; des amoncellements de rochers sauvages, où nulle herbe ne croît ; des

  1. Leconte de Lisle, Poèmes Barbares.