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les visages pâles.

ils les forcèrent à se noyer dans le lac d’Owen[1]. Deux ans après, les autorités de Humboldt City conclurent un traité qui stipulait que les survivants eussent à vider le comté dans les sept jours, sous peine de mort contre tous les retardataires : — « Ce traité est on ne peut plus favorable aux Indiens », concluait le journal du district. Le 30 avril 1871, après quelque conflit, les troupes fédérales emmenaient des Apaches prisonniers. Ce fut une aubaine pour les colons des alentours, qui se rassemblèrent de tous côtés, se jetèrent sur les captifs, et en égorgèrent du coup une centaine.

« Contre les Apaches il n’y a pas plusieurs manières de procéder : il faut une campagne bien raisonnée et patiemment conduite. Dès qu’ils se montrent, qu’on les poursuive jusque dans leurs montagnes, qu’on les traque dans leurs repaires, pour les y enfermer et affamer. Qu’on obtienne leur reddition, en leur montrant des drapeaux blancs ou autrement, et sitôt pris, sitôt fusillés. Contre eux tout moyen est bon, qu’il vienne de Dieu, qu’il vienne de l’homme. La méthode pourra choquer un philanthrope ; –pour un homme de fibre si molle j’éprouve quelque pitié, mais aucun respect. Je lui conseille de ne pas dépenser toute sa sympathie pour les Apaches, et d’en garder pour les tigres et les serpents à sonnettes[2]. »

Ces conseils étaient faciles à suivre. Les blancs recoururent à toutes les trahisons, à toutes les cruautés. L’empoisonnement par la strychnine[3], la dissémination de la petite vérole, autant de hauts faits parmi nos pionniers,

  1. Lœw.
  2. Sylvester Mowry, Arizona and Sonora.
  3. « Strychniner » mot, d’argot local, avec la signification : « se débarrasser des Peaux-Rouges. » Europa, 1872.