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les apaches.

l’intelligence de l’Apache soit vraiment supérieure à celle du castor, ou même égale à celle des fourmis qui savent récolter des grains, qui savent en semer, nous dit-on. — À un de ces centaures, on demandait pourquoi il ne plantait pas du maïs, pour se garantir des méchances de la chasse, ainsi que le font, depuis temps immémorial, les Pueblos qu’il connaissait bien. — « Planter du maïs ? Pour que les camarades mangent la récolte sur pied, avant qu’elle n’ait mûri[1] ? »

Ils ne savent pas, ils ne veulent pas cultiver, mais ils pillent ceux qui cultivent, crime irrémissible. Les farmers sont mécontents que le gouvernement de Washington préconise — officiellement — une politique humaine ; qu’il cantonne les Apaches dans une partie du territoire qui jadis leur appartenait en entier, et qu’il leur paye une annuité de quinze cent mille francs, au grand profit des commissaires. Ils trouvent qu’elles étaient plus viriles et plus décidées, les mesures du gouverneur mexicain de Chihuahua, qui avait mis les scalps des pillards à prix : 500 francs par adulte mâle ; 250 francs par femme, et 125 francs par enfant. Des chasseurs de chevelures se mirent en campagne, apportèrent quantité de ces dépouilles, mais on se priva de leurs services quand on s’aperçut qu’ils livraient trop de têtes suspectes ; les blancs étant plus faciles à assassiner que les Indiens[2]. L’Arizone, la Sonore, la Californie, décidèrent qu’on abattrait tout Indien à portée de carabine. En 1864, des Visages Pâles organisèrent une expédition contre les Payoutes, dont ils tuèrent deux cents individus en une « battue splendide » ;

  1. Lœw, Zeitschrift für Ethnologie, 1877.
  2. Kendall.