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les apaches.

nation font valoir leurs droits ; la sensibilité ne veut pas rester inactive et réclame sa quote-part d’émotions. Car « l’homme ne vit pas de pain seulement ».


En tant qu’individu, on ne peut pas être moins gêné que notre Apache de toute espèce de gouvernement. Il n’est responsable envers qui que ce soit ; il fait toujours ce qu’il veut, c’est-à-dire ce qu’il peut. Dans le cas d’une grande expédition, on se réunit sous le commandement d’un camarade dont la supériorité personnelle s’impose et dont l’autorité prend fin avec l’entreprise. Si les hostilités se prolongent, il va de soi que l’influence du chef de guerre s’accroît souvent plus qu’on ne voudrait[1]. Quelques tribus se prémunissent contre ce danger, en reconnaissant une autorité purement morale à des sachems, ou Chefs de la Paix, personnages toujours distincts des capitaines d’ordre militaire ; institution des plus intéressantes, mais qu’on ne saurait étudier utilement dans ces hordes clairsemées.

Comme manifestation la plus élevée de la vie publique dans ces déserts, ces primitifs célèbrent des néoménies. Autant qu’on peut le savoir, la vénération de la Lune a partout précédé celle du Soleil. La nuit de la fête, ils allument des feux en divers endroits. Remarquons à ce propos que la plupart des tribus indiennes, sinon toutes, paraissent avoir honoré le feu au moins par quelques rites. Ils se sont approvisionnés de tabac et d’une boisson enivrante, faite avec du jus de cactus ou avec du grain bouilli et fermenté[1] ; s’ils ne fumaient et ne s’enivraient, ils ne croiraient pas se préparer dignement à un acte reli-

  1. a et b Henry.