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les faibles ont tort.

maintenir pendant quelque temps ; ils suivent comme ils peuvent les expéditions, tant pis s’ils n’arrivent pas à temps pour avoir leur part du pillage ! Tarde venientibus ossa. Les traînards n’ont qu’à mourir. Quelques-uns, cependant, trouvent refuge chez des voisins mieux pourvus, qui peuvent être plus compatissants. Quelquefois des compagnons plus robustes, des amis, les enfants peut-être, veulent bien dépêcher le misérable d’un coup de lance ou l’étouffer en le mettant sur le dos, puis, en passant au cou un bâton aux extrémités duquel pèseront deux personnes de bonne volonté[1].

Dans ces conditions, les malades n’ont pas meilleure chance que chez nos amis, les Tchouktches ; ils retombent à la charge de la communauté ; celle-ci préfère qu’ils ne s’attardent point et qu’ils guérissent ou disparaissent promptement. Elle s’emploie au rétablissement des fiévreux, en dansant et chantant, en tambourinant des nuits entières ; procédé non moins rationnel et non moins efficace que de soulager les pauvres et les indigents par des bals de bienfaisance.

Il arrive, mais rarement, qu’on se lamente pour un mort ; il faut être de marque pour avoir des obsèques qui comportent quelque solennité. Généralement, le cadavre est empaqueté en des lanières de peau, porté sur une colline et enfoui sur le versant exposé à l’Orient ; on espère sans doute que le soleil regardera le défunt, et le réveillera quand il en sera temps.

Quelques notions de métempsycose : certaines âmes vont animer des oiseaux ou des serpents à sonnettes.

  1. Bancroft.