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conjugalité rudimentaire.

ger, dépouille opime, une des captives. S’il lui tresse un chiffon dans les cheveux, elle devient la « part du capitaine » ; personne ne la touchera s’il ne permet. S’il veut la prendre pour femme à long terme, il lui rompra une flèche sur la tête : par cet acte elle cesse d’être une personne et devient la chose du vainqueur.

Même symbolisme chez les Tatares nomades :

« Kasmak se saisit de la jeune Kalmouke, tira un mouchoir, le lui mit autour du cou, fit voler une flèche au-dessus de sa tête[1]…. »

Les anciens Grecs plongeaient aussi leur javeline dans la chevelure de leurs prisonnières, qu’ils disaient avoir gagnées « à la pointe de la lance ». Nous prenons sur le fait l’institution du mariage, en tant que fait de capture et d’accaparement. De cette première appropriation les autres suivront. Car ce n’est point la propriété qui procède de la famille, comme les théoriciens l’affirmaient naguère a priori ; c’est la famille qui dérive de la propriété ; la famille, son nom l’indique, commença par n’être qu’un troupeau d’esclaves.

Bien que leurs mariages ne soient que rudimentaires, ils sont déjà compliqués de certaines insanités. Les jeunes époux évitent la rencontre de leurs beaux-parents : pendant la chasse, pour ne pas manquer le gibier[2] ; en temps ordinaire, pour que les unions ne soient pas infécondes. Malgré ces précautions, les femmes perdraient d’assez bonne heure la faculté d’avoir des enfants[3]. — À quel âge ? Il serait difficile de le préciser : elles savent à peine ce qu’est

  1. Radloff, Türkische Staemme Süd Sibiriens. IV.
  2. Oviedo.
  3. Schmitz.