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vêture et demeure.

recourbée. Quant aux vêtements proprement dits, ils s’en affublent, moins par hygiène, encore moins par pudeur, que par vanité et coquetterie, pour se faire valoir : les hommes, par quelque trophée de meurtre et de rapine ; les jeunes femmes, par une loque de couleur, par un jupon d’écorce, par une toison qu’elles ont ornée de barres et de lignes, industrieusement assouplie en la frottant de cervelle. Quelques-unes se tatouent au menton ; la suprême élégance est de se barbouiller avec des couleurs criardes. Les ablutions ne mettent nullement ce maquillage en danger, car on ne se baigne que pour l’agrément, et l’eau n’abonde point. Soit à cause de leur malpropreté, soit parce qu’ils ne se nourrissent que de chair, et principalement de celle du cheval, de l’âne et du mulet, ces Apaches, qui nous remettent en mémoire les hippophages de Solutré, dont les ossements ont été trouvés mélangés à ceux de cinquante à cent mille chevaux[1], ces Apaches, disons-nous, exhalent une pénétrante odeur équinée, surtout quand ils sont échauffés. Les montures rebroussent chemin dès qu’elles l’éventent[2]. Constatons une fois de plus que la propreté du corps est le plus souvent un signe de civilisation déjà avancée. À l’époque de la puberté, on arrache les sourcils aux filles, poil à poil, et bientôt après, on les débarrasse même des cils. — Est-ce pour les embellir[3] ?

Les huttes, en pain de sucre, aux abords encombrés de charognes infectes et de matières fécales, sont formées de gaules ou de branches entrelacées de broussailles et de

  1. Bulletin de la Société d’anthropologie, 1874.
  2. Bancroft. L’odeur de fauve qu’émettent les Néo-Calédoniens semble persister, malgré tous les soins de propreté. — V. Patouillet, Trois ans en Nouvelle-Calédonie.
  3. Crémony.