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épitaphe.

il ne demandait qu’à travailler pour vivre, mais il voulait aussi chanter, danser et festoyer. Et dès que notre progrès l’accointa, le voilà triste et morose. Ce peuple est toujours un enfant, mais un enfant désabusé ; nous l’avons découragé par tant d’injustices, tant troublé, tant affolé que nous avons brisé le grand ressort, tari la vie dans sa source. Ainsi en advint-il des Guanches, naguère un des échantillons les mieux réussis de l’espèce. Simples, heureux, innocents, ils avaient mérité qu’on donnât à leurs îles le nom de « Fortunées ». Nous les supprimâmes — pourquoi et comment ? Et quand aura disparu le dernier de ces pauvres Aléouts, on entendra dire : — « Quel dommage ! »