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les inoïts occidentaux.

baleine, ou d’espèce rare, appartient à la communauté ; on s’arrange de manière que tous y participent. Il est rare qu’un chef de famille possède autre chose qu’une barque et un traîneau, ses vêtements, ses armes et quelques outils.

Communistes sans le savoir, les Inoïts n’ont que les rudiments de la propriété privée qu’ils savent pourtant si bien respecter. Vivant en des plaines de neige, vaquant en compagnie à la plupart de leurs travaux sur la mer, la grande, vaste et mobile mer, qu’on ne saurait découper en lots et lopins, parceler en domaines, le partage égalitaire qu’ils font de leurs produits constitue une assurance mutuelle, sans laquelle ils périraient les uns après les autres. Tout phoque capturé est réparti, au moins en temps de disette, entre tous les chefs de famille. S’ils ne font pas les portions strictement égales, c’est qu’ils attribuent les plus grosses aux enfants ; les adultes n’ont plus rien depuis longtemps, que les mioches reçoivent encore quelque chose.


Le fond du caractère est si bien communiste, que tout Esquimau qui arrive à posséder quelque chose, se fait gloire de tout donner, de tout distribuer, disant, lui aussi, qu’il est plus heureux de donner que de recevoir. La scène ci-après se passe sur les bords du Youkon :

« Tous les voisins avaient été invités. Jeux, chants, danses et banquets durèrent plusieurs jours. Le dernier soir, toutes provisions épuisées, l’hôte et l’hôtesse, vêtus de neuf, se mirent à faire des présents, donnant à chaque ami ce qu’ils pensaient lui convenir. Ils distribuèrent de la sorte 10 fusils, 10 habillements complets, 200 brasses de perles enfilées et des pelus en quantité : 10 de loup,