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symbolique du renouveau.

« court le garou », se masque de hures, de becs ou de gueules, pour se mettre en rapport avec les animaux qu’il livre au chasseur. Le brasier, point central de ces cérémonies, symbolise la lampe de grand’maman Sidné, le Soleil, source de mouvement, dont les rayons sont autant d’esprits vitaux, principes générateurs. Ces Inoïts pourraient s’entendre avec les campagnards de Suisse et d’Allemagne, allumant des feux de Pâques, lançant des disques incandescents dans les airs, et faisant dévaler une roue enflammée du haut d’une colline abrupte. À leur fête de Sada, sur tous les sommets, les Persans aussi font flamber des bûchers, dans lesquels le roi, les grands personnages, les notables, jettent des animaux, à la queue ou aux pattes desquels ils ont attaché des brandons d’herbe sèche. Les misérables créatures s’enfuient, portant la flamme par monts et par vaux[1]. Symbole brutal et féroce d’un fait grandiose. La Bible raconte l’espièglerie du héros qui lâcha dans les blés quantité de renards qu’il avait liés deux à deux, torche brûlant en queue ; légende molochite dans laquelle le renard au poil rutilant marque évidemment la chaleur estivale, que personnifiait aussi Samson lui-même, Samson ou le Soleil. Pendant longtemps, dans la bonne ville de Paris, en présence du souverain et de la famille royale, les magistrats allumaient, place Saint-Jacques, un bûcher où périssaient des poulets et des chats. Pratique semblable n’est peut-être pas tout à fait oubliée dans le Haut Dauphiné.

« De toutes les fêtes que j’ai vues, raconte Lucien[2] de Samosate, la plus solennelle est celle qu’ils célèbrent à

  1. Hyde, Veterum Persarum religionis historia.
  2. De Deâ Syrâ.