don de l’Océan, grâce à laquelle la baleine, les saumons et brochets courent s’enferrer dans le harpon ; à lui de porter une ceinture d’herbes tressées avec des nœuds, qui assurent la victoire en toute rencontre ; à lui d’assister la Lune en travail. Lors des éclipses totales, la pauvre Lune perd tout à fait la tête, s’égare dans les cieux, erre dans les rochers et fondrières ; mais alors son ami l’angakok la hèle, lui crie la route qu’elle doit prendre pour se retrouver, lui chante des hymnes qui fortifient[1]. Contre les méchants génies il part en guerre, cuirassé de formules, armé de charmes divers, tels que becs de corbeau, incisives de renard, griffes d’ours, et, si possible, quelque babiole du bric-à-brac européen. Pour chasser le démon de la maladie, et pour tenir à distance les âmes errantes, il exécutera des mouvements violents, des contorsions, sautera à travers un vaste brasier, combattra la Mort à grands coups de massue, la mettra en fuite[2].
En Esquimaudie comme chez nous, il y a la Magie Blanche et la Magie Noire, les bons et les mauvais sorciers. Les mauvais profitent de leurs accointances avec les morts peu recommandables, avec les esprits dépourvus de délicatesse, pour servir les desseins malveillants, les rancunes particulières, et perpétrer des mauvaisetés.
La vile multitude, dans l’autre monde comme en celui-ci, ne fait ni grand bien ni grand mal, ne se manifeste que par de légers sifflements. Plus robustes, ils cornent aux oreilles pour qu’on leur donne à manger ; tout à fait redoutables, ils « reviennent » sous forme corporelle ; les plus dangereux, fous ou insensés de leur vivant, ont