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les inoïts occidentaux.

Évidemment, le choix de cet organe est symbolique ; on a deviné ou l’on s’est souvenu qu’il est l’instrument du Verbe, manifestation de la Raison… sans que nous voulions insinuer que ces pauvres angakout aient fréquenté l’école d’Alexandrie.

Autres procédés :

Sur l’avis que lui en donnent sas anciens, le lévite visite la caverne d’une île inhabitée, dans laquelle ont été cachés les os d’un magicien illustre. Le prophète dort du sommeil de la mort, mais ne fait que dormir. Il est assis, raide et glacé, la tête masquée. Vêtu dans la magnificence de l’appareil sacerdotal, les ailes d’une chouette ou d’un hibou s’éploient au-dessus du bonnet ; à la robe pendent marmousets en ivoire, grelots et sonnettes, chaînettes et anneaux, tout un capharnaüm, au moyen duquel il est mis en rapport avec les rois des animaux et les Génies des Éléments : serres d’aigle, dents de serpent, écailles de poisson, morceaux de cuir cru, et divers petits objets qui s’entre-choquent avec bruit aux mouvements du corps. Entre les genoux est placé le tambour, l’indispensable tambour[1], — un ciel en raccourci — sur lequel sont dessinés le cercle de l’Univers, la Croix des Quatre-Vents, des figures magiques d’hommes et d’animaux ; l’intérieur abrite de petites poupées — autant d’esprits qui répondent chacun à certains coups frappés d’une façon spéciale. L’adepte fait résonner l’instrument, s’adresse au Voyant lui-même, interpelle l’auguste prophète. Au bruit, le cadavre soubresaute, les plumes s’agitent, le masque frissonne. Ce masque du mort, le vivant a le courage de

  1. Boubène, etc.