Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée
83
prêtresses.

tresses de Juidah enlèvent les filles des familles les plus distinguées, et, après des épreuves rigoureuses, en font des courtisanes, instruites dans les arts de la volupté[1]. À Bornéo, le Dayak, qui se fait prêtre, prend un nom et des vêtements féminins, épouse simultanément un homme et une femme : le premier, pour le protéger et l’accompagner en public ; la seconde, pour lui donner des distractions[2].

Revenons à nos Aléouts. Dès que l’ordination a été conférée au lévite, sitôt que le choupan a mué en angakok, la tribu lui confie les filles le mieux en point, par les grâces du corps et du caractère ; il parfera leur éducation, — les perfectionnera dans la danse et autres arts d’agrément, et, enfin, les initiera aux plaisirs de l’amour. Si elles se montrent intelligentes, elles deviendront mires et mèges, prêtresses et prophétesses. Les kachims d’été, qui sont fermés aux femmes du commun, s’ouvriront à deux battants devant elles. On est persuadé que ces filles seraient d’une fréquentation malsaine, si elles n’avaient été purifiées par le commerce d’un homme de Dieu. — Les braves gens ! Et l’on a prétendu qu’ils manquaient de religion !

Religieux autant que tout autre peuple, sinon davantage, les Inoïts révèrent les esprits[3] des rocs et des caps, des glaciers, buttes et banquises ; présentent leurs respects à toute chose inconnue ou dangereuse. Leur chamanisme ou théorie magique est identique en substance à la

  1. Lindemann, Geschichte der Meinungen.
  2. Bishop of Labuan, Transactions of the Ethnological Society, II.
  3. Inoe.