absorbée par procuration. — Exemple : le père ou la mère la prennent à l’intention d’un enfant qu’ils veulent guérir de crampes ou convulsions, ou même qu’ils veulent empêcher de tomber malade.
Le principe de la vie étant identique pour tous les animaux, doués ou non d’une âme immortelle, on médicamente le bétail avec du pain bénit à la Chandeleur, et mélange de sel, de craie ou mieux encore de phosphate de chaux. Les dévots se croiraient coupables d’un affreux sacrilège s’ils faisaient manger le « corps de Dieu » à leurs bêtes, mais ils se permettent de le leur faire toucher et de s’en servir pour des passes magnétiques. On guérit veaux et chevaux rien qu’en leur donnant à boire dans un soulier qu’on a porté un jour de sainte Communion. Les habits qu’on a revêtus un jour de grand’messe sont imprégnés de vertus magiques. La mère qui vient de se livrer au divin repas allaite encore une fois son enfant et le sèvre ensuite sans la moindre peine, et, si le nourrisson souffrait d’une angine, elle le guérirait en lui soufflant dans la gorge.
Ce pain, qui est fait de la chair d’un Dieu, est une nourriture à nulle autre pareille. La Légende dorée fourmille d’exemples de béats anachorètes qui ont vécu mois et années, en se privant d’autres aliments que celui des saintes espèces. L’historien suisse Johann Müller raconte, en ayant l’air d’y croire, que le patron de l’Helvétie, Saint-Nicolas de Fluh, ou du Rocher, aurait vécu vingt années sans prendre autre chose que des hosties dont il n’abusait certes point, puisqu’il lui suffisait d’en absorber une par mois, et avec cela c’était un gaillard que notre Saint-Nicolas, qui donna dix enfants à sa femme et pourfendit la tarasque des monts helvétiques.