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Au IVe siècle, les Collyridiennes d’Arabie confectionnaient de ces mêmes gâteaux, mais en l’honneur de la Vierge Marie.

Les boulangers de Nottingham envoient toujours à leurs pratiques les losanges de Noël sur lesquels ils ont imprimé l’image de la Vierge et de son enfant.

À La Palisse, département de l’Allier, on plantait dans une barrique pleine de blé un arbre vert auquel on attachait en guise de fruit un bonhomme en pain d’épice, et aux vendanges, le maire le distribuait pièce par pièce à tous les villageois.

Autrefois les idées de race et de nourriture se touchaient de très près, de même se confondaient dans leur théorie fondamentale consistant en ce que les qualités d’une race dépendaient de la nourriture qui les avait produites. Des aliments de choix expliquaient suffisamment l’apparition de natures supérieures, leur préservation et leur durée. Nous avons une preuve de la puissance de cette manière de voir dans la vieille langue française qui tenait ces deux mots pour synonymes : « Rigaut est de race généreuse et de bonne nourriture ; Hermaïs d’Orléans est son oncle et sa mère Audegon est nièce de Garin. » Mais que parlons-nous de vieux français ? L’idée est toujours populaire. Entendez les paysans dire qu’on peut faire à volonté « chevaux de paille, chevaux de son, chevaux d’avoine » ; entendez les Viennois qui, se comparant aux Bavarois, vous expliquent : « Ils ont le sang épais et lourd de leur pain, mais nous avons le sang chaud et léger que donne notre pain délicat. » Enfin ne sait-on pas que les abeilles et fourmis créent des reines, des mâles, femelles ou neutres, au moyen d’une nourriture spéciale ?

Ajoutons, d’un autre côté, que les idées de race étaient, sont inséparables de celles de culte, et que, pendant longtemps, les religions étaient déterminées par les pays et nationalités, avec lesquels elles se confondaient absolument. Nul ne l’ignore.

Les nègres de la Côte de l’Or ne pensent pas autrement. Lorsque les membres d’une famille sont obligés de se séparer, pour une raison ou pour une autre, ils pilent leur fétiche dans un mortier et avalent la poussière mélangée à une bouillie de millet, ou délayée en quelque breuvage. La répartition se fait