Page:Reclus - Le Pain.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

IX

PAINS BÉNITS, HOSTIES ET LEURS SUCCÉDANÉS

Nous nous proposons d’étudier maintenant la théorie et les explications des pains bénits et plus spécialement des saintes hosties. Grandes sont les vertus naturelles du pain et du blé pour la guérison des maladies, pour la neutralisation et l’anéantissement des mauvais sorts : elles peuvent être indéfiniment augmentées par la consécration d’un prêtre, par le contact avec les reliques d’un saint ou par toute autre cause.

Ce n’est pas que la division entre les pains profanes et sacrés soit bien tranchée. L’étude des effets magiques du pain nous a montré tout au contraire des transitions insensibles, d’innombrables points de contact. En matière magique, dans cet ensemble de choses également absurdes, également respectables, qui ne relèvent que du bon sens, il n’est pas de degrés à établir. Entre miracles et miracles, entre mystères et mystères, il faut, pour les besoins de l’exposition, opérer un classement, établir des distinctions, mais cette définition n’est qu’apparente ; elle n’est pas mieux fondée en logique que celles qu’on est ailleurs obligé d’instituer entre les qualités divines également infinies, également incompréhensibles.

Le peuple confond volontiers le pain et l’hostie, la vénération qu’il éprouve pour le premier n’est pas à distinguer de la vénération qu’il porte à la seconde. Son respect tourne à la religion ; entre un pain et une divinité, il distingue à peine. En devenant pain bénit, le pain de ménage change à peine de qualité, et si, en devenant hostie, il acquiert des propriétés extraordinaires, il ne change pas de nature pour cela. Magie sur magie se multiplie par elle-même et passe aux puissances du carré et du cube. Par origine et en son essence, l’hostie