Épinglée aux rideaux du lit, une croix de paille protège le dormeur contre les vampires, contre les obsessions de l’affreux cauchemar. On arrête les saignements de nez en faisant tomber le sang sur deux pailles croisées. L’érésipèle est tenue de céder à l’emploi de pailles de seigle dont on frotte la partie malade, en prononçant lentement et à voix haute la formule ci-après :
« Je ne te nommerai point, point je ne te nommerai, mais n’as-tu pas vergogne de te montrer ainsi en plein jour ? Quitte et t’en va, tu es chassée par la vertu du fer, par la vertu de l’acier ! Et si tu ne pars pas, et disparais, moi-même je te chasserai demain matin, je te chasserai au nom du Père, au nom du Fils, au nom du Saint-Esprit ! »
… Du fer et de l’acier, quand on n’est armé que d’une ou deux pailles de seigle ? Érésipèle, on t’en fait accroire !
Se curer les dents avec de la paille sur laquelle une femme vient d’accoucher fait tomber les dents. Pourquoi ? Parce que la vigueur et la vitalité de l’individu sont par la dite paille transmises subrepticement au nouveau-né, et cela devient presque un cas d’adultère et de bâtardise.
Ce qu’il y a de mieux à faire avec la paille sur laquelle un mort a été couché, c’est de la brûler. On a voulu l’utiliser comme litière. Qu’arrivait-il ? Les vaches tombaient malades ou perdaient leurs dents.
Au cas de névrose grave, telle que chorée, danse de Saint-Gui, épilepsie ou mal sacré, arrachez au lit du malade une botte de paille. Cette paille, tressez-la en collier. Ce collier, passez-le au cou d’un cheval. Ce cheval, faites-le descendre dans une fosse ou vous l’attacherez solidement. Mettez le feu au collier, et tandis qu’il flambe, jetez pelletée de terre après pelletée de terre sur le cheval qui rue et se débat, enfouissez-le lestement. La recette nous vient de Suisse.
Il sera moins cruel de faire passer la maladie en un chêne ou un pommier, qui ne pourra pas se refuser à la prendre quand on lui passera au tronc une corde de paille. Gare maintenant à qui viendrait la détacher et l’emporter ! Plus l’arbre est de nature sympathique à l’homme, mieux il se prête à la substitution. C’est le cas du sureau sur lequel on se décharge volontiers de sa fièvre. Quand on sent venir l’accès, on court vers lui, un torchon de paille au cou, et par trois fois on l’apostrophe :