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IV

PAIN PORTE-BONHEUR


Symbole et Moyen de Fertilité, de Fécondité,
de Richesse et d’Abondance


Dès la faim apaisée, c’est un désir bien naturel que celui de ne plus manquer de pain, d’en avoir toujours à suffisance et même en abondance. Il n’est de richesse supérieure à la précieuse denrée, contre laquelle s’échangent toutes commodités, étalon par excellence et mesure universelle des valeurs. Dès qu’on est pourvu de ce côté, on peut « voir venir » et attendre les événements. Aussi, dans la langue populaire et les théories magiques, les idées abstraites d’abondance, d’aisance et de luxe, de fertilité et de fécondité, de bonheur et d’avenir assuré, trouvent leur expression la plus répandue dans le groupe d’objets dont le pain est le représentant le plus naturel, tels que blé, paille, farine, etc.

« Il n’est pas sage de rester la nuit sans avoir au buffet pain ou quignon. C’est que, voyez-vous, la bonne chance ne séjourne en nul endroit plus volontiers que sur la miche : elle ne peut se souffrir dans la maison dont on vient d’emporter la dernière croûte. »

Pareillement, un Alfure Minoha des Célèbes ne videra jamais complètement la gamelle dans laquelle il mange son riz, à moins qu’il ne soit tout à fait sûr qu’elle va être immédiatement remplie à nouveau. C’est que, voyez-vous, il faut toujours laisser du riz pour faire graine.

Glose : Sur l’Arche de l’Alliance entre l’Éternel et son peuple, douze pains étaient déposés, un par tribu. La gloire du