Page:Reclus - Le Pain.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
le pain

redevance. Ici, un pain est fourré dans la première des gerbes qu’on rentre, puis gerbe et pain sont brûlés au four. Les paysans écossais réservent dans le champ un petit coin qu’ils appellent le « grenier » du bonhomme, Goodys ou Goudymans croft. D’autres font cueillir par un garçon de cinq ans les premiers épis qu’une fillette de sept tressera en guirlande. D’autres encore préfèrent garder les derniers épis, au nombre de trois, neuf ou vingt-sept, qu’ils nouent tout au milieu des chaumes, au haut d’une perche, avec des rubans noirs et rouges, tête en bas, à l’instar des animaux qui, jadis, étaient sacrifiés aux divinités infernales. Cette offrande est appelée, dans l’Allemagne méridionale, celle du bouc Hallubock, de la Bonne Chance, Glücks Korn, la Dîme de l’Oiseau (Vogelzehnten) et plus communément l’Oswald, ou forêt des dieux. Qui se rappelle à ce propos la prescription de la loi mosaïque : « Postquam necessueritis segetem terrae vostrae, non secabites eam usque ad solum, nec remuantes spicas colligetis ; sed pauperibus et peregrinis dimittetis eas. »

Ajoutons que les gerbes accumulées dans le gerbier sont préservées de la foudre par une croix qu’on érige tout en haut, et mieux encore par un coq en paille, comme cela se voit en Normandie. La précaution est d’autant mieux entendue que les nombreuses pointes de paille font office de paratonnerre.