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ASSOCIATIONS OUVRIÈRES DANS LA GRANDE-BRETAGNE.

« N’y a pas longtemps, il était dans une petite ville une douzaine d’ouvriers malheureux. Ces pauvres gens étaient de bonnes gens. Ils pensèrent que s’ils mettaient leur misère en commun, ils seraient peut-être moins misérables.

« Ainsi dit, ainsi fait ; et chacun apportant son petit sou par semaine, ils se trouvèrent au bout de l’année posséder beaucoup de gros sous. — Avec cet argent, dirent-ils, achetons en bloc du pain et des habits pour nous les revendre au détail, et ainsi nous garderons pour nous-mêmes tout ce que les marchands auraient gagné à nos dépens, et ils gagnent pas mal.

« Ainsi, dirent-ils, ainsi firent-ils. Et au bout de la deuxième, puis de la troisième année, en gagnant toujours, c’est-à-dire en toujours économisant, ils avaient plus que doublé leur avoir.

« Alors, plusieurs de leurs autres frères et compagnons se joignirent à eux, chacun apportant sa quote-part, et tous ces petits gains et ces petites économies firent une grosse somme.

« Et avec ce trésor, ils bâtirent de larges maisons et de vastes fabriques avec de hautes cheminées, et à tous les pauvres ouvriers qui venaient travailler dans leurs grands ateliers, ils disaient : Faites comme nous ! »


III

L’ASSOCIATION APPLIQUÉE À LA CONSOMMATION


PRINCIPALES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES DE LA GRANDE-BRETAGNE

Théorie et pratique ne valent l’une que par l’autre. Les récits du premier et plus important essai d’association pourraient suffire pour donner une idée exacte du principe tel qu’il a été formulé et appliqué en Angleterre ; mais d’un exemple choisi entre tous on n’aurait pas encore le droit de préjuger de la généralité des cas. Sans doute la Coopération a parfaitement réussi à Rochdale ; mais si, pour la faire aboutir ailleurs, il fallait nécessairement trouver des hommes d’un