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journal de la commune

des services publics, par les appointements élevés qui leur ont été attribués, ont été recherchés et accordés comme places de faveur ;

« Considérant :

« Que dans la République réellement démocratique, il ne peut y avoir ni sinécure ni exagération de traitement ;

« Décrète :

« Article unique. — Le maximum du traitement des employés aux divers services communaux est fixé à six mille francs par an.

« Hôtel-de-ville, 2 avril 1871.

« La Commune de Paris. »

C’est par ces deux décrets que la Commune a répondu le 2 avril aux coups de canon que tirait contre elle l’Assemblée provinciale. J’ai tressailli de joie en les lisant, d’une joie solennelle. Tant préparée, tant espérée, tant attendue, cette séparation de l’Eglise et de l’État, que vient de prononcer Paris, est un de ces actes décisifs qu’il faut avoir commis en pleine connaissance de cause, car ce sont ces actes là qui font vivre ou mourir. Celui qui les ose, sachant bien ce qu’ils peuvent coûter, ce qu’ils ne manqueront pas de coûter, est un héros, car, pour l’immense désir de tous, il s’engage dans un péril immense. La séparation de l’Église et de l’État, c’est la parole fatale qui sépare le monde du passé du monde de l’avenir ; cette parole, le vieux monde ne la pardonnera jamais ; car le vieux monde est, quoi qu’on en dise, une vaste organisation théocratique ; toutes nos institutions officielles, tant ecclésiastiques que laïques, tant absolutistes que constitutionnelles, reposent en définitive, non sur le principe de liberté mais sur le principe d’autorité. Émanant toutes de la formule théocratique, elles s’en éloignent plus ou moins, quelques-unes, divagant ou extravagant, s’enhardissent même jusqu’à la nier tout à fait, mais serrée de près par la dialectique révolutionnaire, il n’est pas de théorie, tant libérale soit-elle, qui, poursuivie de retranchement en retranchement, ne se vienne réfugier dans la citadelle inaccessible du Gouvernement de la Cité de Dieu. Depuis qu’il existe une civilisation historique, l’Église et l’État se sont conjoints en mariage au nom de Dieu. Chacun des époux a