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journal de la commune

À Lyon, à Saint-Étienne, il y a eu une violente agitation ; pendant quelques heures, on a cru là aussi que la Commune serait proclamée. Mais dans ces villes et dans toutes les autres où règne un Conseil municipal sincèrement républicain, pourquoi renverser les hommes les plus capables, les plus dévoués, pour les remplacer par qui ?

À Avignon, les pressés voulaient remplacer leur Conseil municipal, composé des plus fermes républicains. « Pourquoi faire ? » a demandé le Conseil. Et à la satisfaction générale, il publia la résolution :

« Considérant que… que… et que, de l’ensemble de ces faits, on est forcé de conclure que le gouvernement de Versailles a hâte d’en finir avec la République.

« D’un autre côté, la ville d’Avignon étant trop éloignée de Paris, capitale de la France et cœur du monde entier, pour apporter à sa révolution un concours effectif.

« Le Conseil municipal d’Avignon croit de son devoir de protester hautement contre les tendances monarchistes de Versailles, et il émet le vœu énergique et ferme du maintien absolu de la République. »

Voilà qui est net, ferme et sensé. On ne demande pas à toutes les villes républicaines de France de proclamer la Commune, surtout si, après, elles doivent être envahies par les généraux. Qu’elles suivent l’exemple d’Avignon, qu’elles réservent leur force pour une action commune, et Versailles ne sera plus à craindre !

Et voici les premiers décrets de la Commune de Paris :

« Considérant que le travail, l’industrie et le commerce ont supporté toutes les charges de la guerre, et qu’il est juste que la propriété fasse sa part de sacrifices :

« Remise générale est faite aux locataires de Paris des termes d’octobre 1870, janvier et avril 1871. »

« La conscription est abolie. Aucune force militaire, autre que la garde nationale, ne pourra être créée ou introduite dans Paris. Tous les citoyens valides font partie de la garde nationale. »

La population de Paris, composée de locataires pour les dix-neuf vingtièmes, est enchantée de ce premier décret, si net, si simple et radical. Pas d’intelligence si obtuse qui ne le comprenne, pas de porte ouverte aux arguties et faux-fuyants : « Puisque les locataires sont dans l’impos-