Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
journal de la commune

que des ennemis ; mais les républicains et les révolutionnaires, il leur crie qu’ils sont des scélérats.

Après Trochu se lève un petit procureur-général venant, raconter, avec les fioritures, les trilles et roulades qu’on admire au barreau, l’arrestation par le Comité central du général Chanzy, mandé par M. Thiers pour son coup d’État. Comme M. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, tient à ce que l’Europe n’en ignore, nous détachons les points saillants du récit :

«… Tout à coup intervient un personnage qui nous était parfaitement inconnu, c’était le général Duval, représentant du Comité de la Garde nationale. Le général Duval qui portait les insignes de son grade, s’adressa au général Chanzy : « Citoyen général, au nom des lois de la guerre, je vous fais mon prisonnier. »

« M. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères. — Quelle parodie ignoble !

« Un membre. — Ce sera de l’histoire.

« M. Edmond Turquet. — C’est pourquoi j’ai tenu à faire ce récit à la Chambre.

« M. Jules Favre. — Il faut que toute l’Europe le sache.

« M. Turquet. — Le général Chanzy se lève donc et dit : « Je suis à vos ordres. » Comme on paraissait ne pas vouloir m’emmener, je m’adressai au général Duval et je lui dis : J’ai eu l’honneur d’accompagner le général Chanzy depuis une demi-heure ; je désire l’accompagner quelque part qu’on l’amène. » « Qu’à cela ne tienne, répondit le citoyen général Duval, je vous fais mon prisonnier… mais qui êtes-vous ? » « — Je suis, répondis-je, je suis M. Turquet, député de l’Aisne, membre de l’Assemblée nationale. » « — Alors, je ne veux pas vous arrêter. » « — Pourquoi ? » « — Parce que vous êtes député. » « Tant pis ! » « Je puis vous arrêter, si vous le voulez comme aide-de-camp du général Chanzy. Vous êtes militaire, sans doute, car vous portez le ruban de la Légion d’honneur. » « — Oui, monsieur, mais si vous voulez m’arrêter comme militaire, arrêtez-moi comme sergent-major. » Et je fus arrêté, Messieurs, sous ce titre et écroué en vertu d’un ordre ainsi libellé : « Le citoyen Gandin, chef de la maison militaire du neuvième secteur, écrouera le citoyen général