pas voulu entendre raison, et j’ai été profondément affligé de ne pouvoir exaucer le vœu de mon Impérial maître. »
Là dessus il se tut, le pauvre chancelier d’Allemagne, et les assistants éclatèrent en vivats enthousiastes ; une foule immense le raccompagna à son hôtel et de là à la gare où l’attendaient les musiques et les symphonies, un cortège de dames parmi lesquelles la plus belle lui remit une couronne de lauriers avec des rubans aux couleurs de la ville de Francfort.
En résumé, d’après les préliminaires de Versailles, les Prussiens devaient évacuer les forts sous Paris après le paiement d’un demi-milliard. Grâce à MM. Thiers, Favre et Pouyer-Quertier, ils ne se retireront qu’après le paiement d’un milliard et demi. Toutes ces centaines de millions devront être payées en sept mois, en métaux précieux, or ou argent, ou en billets des banques d’Angleterre, de Prusse, de Belgique et des Pays-Bas, la banque de France étant seule exclue. La Prusse daignera encore admettre quelques lettres de change sur Rothschild et quelques banquiers allemands, mais de premier ordre et valeur comptant. C’est-à-dire qu’au principal, il faudra ajouter des frais d’intérêt, agio, transfert, change, courtage et commission.
Quant à l’entretien des troupes allemandes d’occupation qui ne nous coûtent pas moins de deux millions par jour, il s’agit de leur emplir largement, copieusement, abondamment la vaste panse : au moindre retard dans les livraisons d’argent, de viandes et liquides, le Prussien procédera à des réquisitions, et cela, non seulement dans les départements occupés mais même en dehors de ceux-ci si leurs ressources n’étaient pas jugées suffisantes. Voilà donc le Prussien investi du pouvoir de marauder à travers toute la France et d’occuper militairement Lyon pour son pain. Bordeaux pour son vin, Marseille pour sa bière et le Havre pour ses cigares.
Le droit d’occupation est doublé d’un droit de surveillance. Le Prussien ne sera pas obligé d’évacuer les forts de Paris et les quatre départements environnants avant d’avoir touché trois demi-milliards, ou d’avoir jugé le rétablissement de l’ordre, tant en France qu’à Paris, suffisant pour assurer l’exécution des engagements. De sorte que, jusqu’à