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journal de la commune

suspects au couvent d’Arcueil-Cachan. L’autorité a des preuves que, sous prétexte de secourir les blessés, ces bons moines servaient d’espions aux Versaillais, les renseignaient sur nos positions stratégiques et nos forces militaires et leur ont donné les moyens de presque réussite dans la surprise de la redoute des Hautes Bruyères.

La cour martiale a été saisie de leur cas : les Dominicains ne sont pas détenus comme Monseigneur Darboy et d’autres à titre d’otages, mais comme espions devant être exécutés comme tels.

Les églises, étant édifices municipaux, ont été réclamées dès l’installation de la Commune pour lieux de réunion. Tant qu’on a cru la conciliation possible entre Paris et Versailles, on n’a pas trop insisté sur ce point, mais dès les premiers jours de mai, dans tous les quartiers, des citoyens ont déclaré que, sans gêner personne, les temples pourraient servir pendant le jour de lieux de culte, et le soir de clubs. Ainsi dit, ainsi fait. Le matin messes, baptêmes, noces, confessions et enterrements, la nuit arrivée, on se contente de fermer les chapelles, les chandeliers de bronze doré, les crucifix de vermeil restent sur les autels et les bouquets devant la Vierge et Saint-Joseph. Tout reste en place. Seul, le banc des marguilliers n’a plus le même aspect : le Christ qui le surmonte tient en mains un drapeau rouge. Devant le banc, bureau de la Présidence, siègent indifféremment, montent indifféremment dans la chaire, citoyens et citoyennes. De même en Alsace, catholiques et protestants d’un même village s’entendent pour célébrer leur culte dans le même temple à des heures différentes.

Il s’en faut que les curés et desservants y aient mis de la complaisance. Je crois que ceux de Saint-Roch tiennent bon jusqu’au bout, et ont victorieusement repoussé les clubistes. Il y a eu fort tirage à Saint-Sulpice. J’ai sous les yeux une pièce curieuse, la protestation des prêtres de Saint-Nicolas des Champs.

… « De tout ce qui s’est passé jusqu’ici, rien n’égale le scandale des scènes dont L’église Saint-Nicolas est le triste théâtre : Des clubs s’y tiennent avec l’autorisation des délégués de la mairie et en présence de plusieurs membres de la Commune. Les sujets les plus scabreux y sont traités