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journal de la commune

La mitrailleuse se fait entendre de ce côté, et nous donne la certitude d’une attaque versaillaise, repoussée encore par nos courageux bataillons fédérés. Depuis le premier dimanche de janvier, lors du bombardement prussien, nous n’avons pas entendu un pareil vacarme.

De six à sept heures, il semble y avoir un peu de répit chez nos assassins. Mais à sept heures le feu recommence sur toute la ligne. Montretout, le mont Valérien accablent la porte Maillot, la porte Dauphine et tous les quartiers environnants ; les batteries versaillaises d’Issy tirent sur les bastions de Vaugirard qui répondent avec énergie : Breteuil, les Moulineaux et le bas Meudon attaquent avec une nouvelle rage le Point-du-Jour, qui est muet : mais ce qui domine encore le bruit de ces cent cinquante bouches à feu, c’est la voix sourde et profonde des canons des batteries d’approche, qui renouvellent leur attaque du matin avec une violence encore plus forte.

Il est impossible de se faire une idée de la rapidité des coups et de l’intensité de son produite par ces monstrueuses pièces. Pendant ce temps, et aussi comme ce matin, une double attaque se produit simultanément du côté de Clichy et d’Asnières. Nous entendons, comme dans la matinée, la fusillade et les mitrailleuses qui, de ce côté, se joignent à la voix du canon.

Vendredi 19 mai.

Décidément le Comité de Salut Public se fâche contre la presse : sont supprimés sans explications les journaux la Commune, l’Avenir National, la Patrie, la Revue des Deux-Mondes et une autre demi-douzaine sans importance et sans influence, dont les noms ne sont guère connus que des collectionneurs. Pour éviter la réapparition des anciennes publications sous d’autres noms, aucun périodique nouveau ne pourra paraître avant la fin de la guerre. Les auteurs signeront leurs articles et, avec les imprimeurs, en seront responsables devant la Cour martiale.

C’est une mesure menaçante plus encore que rigoureuse. Mais, par le temps qui court, les menaces ne sont pas d’un grand effet. Quand le Comité de Salut Public se croit obligé