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journal de la commune

il a été perpétré par la police elle-même, et voyez alors la moralité de la police gouvernementale.

Ce même Gaulois, dans une lettre datée de Paris, le 8 mai, raconte que, dans les nuits du 6 et du 7, la cour de la prison de la Santé a été ensanglantée par « l’exécution d’otages qu’y détenaient les justiciers de l’Hôtel de Ville. On ne connaît pas les noms des victimes… Ces assassinats juridiques sont une parodie grotesque des massacres de l’abbaye… »

Et ailleurs : « Delescluze a armé de nouveaux hommes, mais quelles figures sinistres, quels types louches possèdent tous ces déguenillés. Trois mille femmes font actuellement l’exercice du chassepot. Ces viragos touchent trente sous et les vivres comme le sexe fort…

Et tandis que Le Gaulois donne la preuve, entendez-vous, la Preuve ! que l’Union Républicaine est l’agent payé de la Commune, l’Officiel, rédigé du haut en bas sous la responsabilité expresse et personnelle de M. Jules Simon, raconte qu’il y a eu à la Bastille une grande manifestation pour la ligue de l’Union Républicaine, mais que la Commune l’a fait disperser à coups de fusil, et qu’il est resté pas mal de morts sur la place. Comme on le remarquait, il faut qu’on soit bien blasé et bien indifférent à Paris, maintenant puisque de toutes ces scènes sanglantes, rien n’a transpiré.

Il faut toutefois que l’intervention conciliatrice des grandes villes, la seule médiation possible, tende à devenir un fait et même un fait prochain pour valoir tant de haine, d’insultes et de calomnies à l’Union Républicaine qui l’a demandée dès le premier jour et, depuis n’a cessé de la réclamer et de la préparer. Voici un échantillon du langage qu’emploient à son égard les journaux de l’ordre : « entremetteuse… ni franche, ni loyale… démarches aussi fausses que les paroles… airs hypocrites de sincérité… intervention louche… Et qui insulte ainsi des « hommes qui procurent la paix ? » Evidemment des serviteurs du Dieu de paix, les dévots de la charité, le pieux Univers ! Ô religion, ô famille, ô propriété !

Vendredi 19 mai.

Voici ce que nous lisons dans le Salut Public :

Les batteries de brèche ont été démasquées ce matin au bois de Boulogne, à neuf heures précises. Le feu s’est