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journal de la commune

nées sont écoulées déjà… Le terme fatal expire demain. Puisse la prédiction de M. Thiers être aussi véridique que son affirmation qu’il ne bombarde point Paris, ni même Neuilly, qu’il s’est borné jusqu’ici à l’attaque des ouvrages extérieurs. Et « il ne tirera le canon que pour forcer une de vos portes et il s’efforcera de limiter au point attaqué les ravages de cette guerre dont il n’est pas l’auteur ? » Mentez, mentez encore ! il en restera toujours quelque chose !

Jeudi, 18 mai.

L’Union Républicaine avait envoyé du Congrès de Bordeaux MM. Le Chevalier et Villeneuve. Seulement la police de Versailles avait eu vent de la chose, et les deux délégués ont été arrêtés en route et jetés en prison, prévenus du crime de pacification. Ce petit incident dessine toute la situation.

À peine ces Messieurs ont-ils été sous les verrous, et dans l’impossibilité de se défendre, que le Gaulois, naguère bonapartiste éhonté, et maintenant Thieriste effronté, publie un triomphant article : la Preuve. La preuve que l’Union Républicaine, se posant en conciliatrice, n’est qu’un ramassis de complices de la Commune, la preuve, la voici, noir sur blanc. Les ambassadeurs du Congrès de Bordeaux ont laissé tomber une lettre, tout de suite portée à qui de droit, à Versailles. Cette lettre leur a été adressée, elle est signée par Raoul Rigault, l’infâme Préfet de Police de la Commune qui leur dit : Votre cause c’est la notre… La Commune va vous faire tenir dix mille francs… Envoyez vos réponses chez un tel, marchand de vin… L’honnête Gaulois ajoute : « Nous effaçons le nom pour ne pas entraver l’action de la police. » L’article est signé E. Villemot.

Ici à Paris les membres de l’Union Républicaine protestent avec indignation, il y a là-dessous quelque ténébreuse ignominie… Les délégués du Congrès ne connaissaient pas Raoul Rigault. Raoul Rigault proteste qu’il n’a rien écrit à ces messieurs ; personne à la Commune ne connaît cette affaire ; ces dix mille francs sont une invention.

En y réfléchissant, on arrive à la conclusion : s’il y a faux, il a été perpétré par le Gaulois, et voyez alors la moralité des journaux qui soutiennent le Gouvernement, ou