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journal de la commune

« Désespérant de nous vaincre par le courage, de nous écraser avec leur artillerie, de nous brûler avec leurs bombes, ils paient à prix d’or des assassins, des espions de tous rangs pour corrompre ou assassiner nos chefs, effrayer ou acheter nos soldats. Enfin quand rien ne leur a réussi, que l’heure suprême est arrivée, ils font sauter des quartiers de la capitale tout entiers, pour anéantir nos provisions de guerre et nous mettre dans l’impossibilité de lutter, en cas probable d’une attaque nocturne. »

Par suite la Commune a invité son Procureur et le délégué de la justice à mettre à exécution la loi concernant les otages. Voilà donc Monseigneur de Paris et le sénateur Bonjean tenus pour responsables.

N’étant pas catholique, ces façons de vicariat, et ces procédés d’expiation nous répugnent et nous révoltent. Et, malgré les clameurs populaires, nous croyons que l’exécution ab irato de ces deux grands dignitaires de l’Eglise et de l’Empire serait une grosse faute politique, surtout venant après une instruction sommaire, comme toutes celles qui se font en cour martiale, après une instruction qui n’emporterait pas dix fois la conviction avec elle.

Mercredi 17 mai.

Après le fort d’Issy, voici le fort de Vanves que nous sommes obligés d’évacuer définitivement. Evacué avant-hier, Vanves n’a été occupé par les Versaillais qu’hier. M. le Marquis de Galliffet, celui-là même qui a fusillé Flourens et des gardes nationaux prisonniers, s’empresse d’annoncer au monde qu’il a pris la forteresse de haute lutte, mais qu’il n’y a trouvé que quelques canons et quelques ivrognes. Quelques ivrognes sans doute, qui depuis 45 jours tiennent la tête à « la plus belle armée du monde. »

À vrai dire, Vanves et Issy ont été pris quand ils n’existaient plus, mais comme les villages tout autour ne sont pas encore démolis par le canon, les fédérés s’y sont barricadés, ainsi qu’à Montrouge, et s’y battent de maison en maison avec le même acharnement qu’à Neuilly et à Levallois.

Les quartiers d’Auteuil et de Passy sont devenus abso-