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journal de la commune

siennes. Le jour de la justice est prochain ; il dépend de la fermeté des bons citoyens que le châtiment soit exemplaire ! »

En lançant cette circulaire dans laquelle il dénonce à la province l’affiliation du Comité central avec les plus détestables agents de l’Empire, M. Thiers — qui avait confié la police de Paris à l’un des policiers de Bonaparte, et le commandement de Paris au général Vinoy, un des spadassins du Coup d’Etat — M. Thiers, disons-nous, confère tous les jours avec le maréchal Canrobert, institue général M. de Gallifet, un des hussards très légers de l’impératrice ; il mande auprès de lui le maréchal Mac-Mahon, dont il fera probablement son général en chef ; il fait appel au général Deligny, un des hommes de confiance de Bonaparte. Afin de protéger la République contre les graves atteintes que lui portent les factieux de Paris, M. Thiers fait appel au chouan Cathelineau et à l’autre zouave pontifical, baron de Charette. Charette, envoyé en Bretagne avec un commandement supérieur, fait appel aux volontaires catholiques qui, en ce « moment suprême, veulent défendre l’ordre, la famille et la religion ».

À Thiers aboyant la guerre civile de sa petite voix de roquet asthmatique, répondent les grands dogues de la province ; dans le midi, la Gazette du Languedoc : « Encore une fois, Paris jette le défi à la France. L’émeute veut en remontrer à l’Assemblée Nationale. Que la France entière se dresse et fasse taire l’émeute, par le grand cri de : Vive l’Assemblée ! À bas la Révolution ! »

Dans le nord-ouest, L’Eure, d’Evreux : « Une fois encore, la capitale veut abuser de sa force, une minorité factieuse viole les lois ; la majorité honnie est complice (sic) ou indifférente. Toute la cité est coupable. Que la cité entière soit donc punie !

« Si le Gouvernement ne peut pas encore user de la force, qu’il mette cette ville en interdit, qu’il fasse le vide autour de ce foyer incendiaire. »

Le 21 mars, Thiers télégraphiait à toute la France :

« Les nouvelles sont parfaitement rassurantes, les hommes de désordre ne triomphent nulle part. À Paris même, les bons citoyens se rallient pour comprimer la sédition. L’Assemblée et le Gouvernement avec une armée