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journal de la commune

qui rend l’arrêté provisoirement inexécutable, raison de plus pour lui épargner les furieuses critiques des libéraux. Quant à l’incident qui a donné lieu au décret, il est encore enveloppé de mystère. Les journaux nous apprennent seulement que hier, dans l’après-midi, on a arrêté trois faux gardes nationaux qui, cheminant par les égouts, devaient déboucher à la caserne des Minimes où l’on détient avec leurs femmes, sans leur faire aucun mal, des gendarmes et sergents de ville faits prisonniers ou gardés en otages. Cette nuit, un autre soi-disant garde national est encore très malencontreusement apparu hors d’un égout. On doit les explorer très soigneusement ces égouts.

Depuis les affaires d’Issy et du Moulin Saquet, et quelques autres assez embrouillées, la trahison est dans l’air. Çà et là on découvre des dépôts d’armes, d’uniformes et de brassards tricolores, des canons sont encloués, on ne sait par qui. On dit Paris inondé d’espions, et les boulevards parsemés de figures que les uns ou les autres se rappellent vaguement avoir entrevues à Versailles. Hier, à la grille du Luxembourg, j’avisai dans un groupe auquel il débitait des menteries, un courtaud de sacristie, avec les mots d’épicier en articles de sainteté écrits sur son front. Bobèche et finassier, il projetait des œillades sournoises, cherchant un compère. Son regard se heurta au mien, une minute après, le cafard avait disparu.

La plus forte alarme a été donnée par une proclamation du Comité de Salut Public, affichée il y a deux ou trois jours. Elle m’a mis en colère. Les traîtres sont moins dangereux que de pareils maladroits.

Au peuple de Paris.
Citoyens,

La Commune et la République viennent d’échapper à un péril mortel.

La trahison s’était glissée dans nos rangs. Désespérant de vaincre Paris par les armes, la réaction avait tenté de désorganiser nos forces par la corruption. Son or, jeté à pleines mains, avait trouvé jusque parmi nous des consciences à acheter.

L’abandon du fort d’Issy, annoncé dans une affiche impie