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journal de la commune

ni assez terribles. Hier, ce vieillard a exhorté l’Assemblée à ne pas manquer l’occasion de faire bonne justice des bandits révolutionnaires, socialistes et autres scélérats, et surtout de ne laisser échapper aucun de ces malfaiteurs étrangers de l’Internationale. Il prend bonne note que la volonté de l’Assemblée est formelle sur ce point : ces gueux de communards ne seront pas jugés par les tribunaux ordinaires, trop lents et trop bénins, mais ils passeront en cour martiale, cette admirable cour martiale, perfectionnée par M. le Ministre de la Justice qui, pour la rendre plus expéditive a supprimé l’instruction préalable ; grâce à cet inestimable M. Dufaure, l’Assemblée sera dotée suivant l’expression du spirituel M. Bozérian, d’une superbe « mitrailleuse juridique » dont le fonctionnement sera confié aux mains expertes des généraux Vinoy, Valentin et de Galliffet. « Nous aurons donc contre les communaux la cour martiale, les conseils de guerre tant que l’Assemblée trouvera opportun d’employer les conseils de guerre, et, après, l’état de siège la Cour d’assises, les tribunaux correctionnels… »

« Enfin, Messieurs, comme disent les jurisconsultes, quid du droit de grâce et du droit d’amnistie ? Ce sont les attributs essentiels de la souveraineté de l’Etat. Messieurs, c’est nous ! De cette souveraineté, il ne faut point nous dessaisir, en attendant le coup final qui va être porté aux théories anarchiques par le Gouvernement, par l’armée et par les bons citoyens qui sont encore restés à Paris… »

« Aujourd’hui un vote solennel accordera une première justice à tant d’outrages faits à la religion, à la morale, à la propriété… Messieurs, cette formule est bien vieille sans doute, mais c’est la bonne ! » Vives marques d’approbation et applaudissements.

Pourquoi l’Assemblée par l’organe de son digne représentant, M. le comte Jaubert, se montre-t-elle si jalouse de la plus belle prérogative du souverain, du droit de grâce ? C’est pour qu’il ne soit pas fait de grâce à ces misérables insurgés. Qui le croirait ? L’Assemblée se défie de la générosité de M. Thiers. Le Chef du pouvoir exécutif a répété qu’après la victoire, il userait d’indulgence envers les malheureux égarés, et ne châtierait que le crime… Il l’a si souvent promis, que l’Assemblée a fini par en croire