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journal de la commune

pauvre, que les besoins sont plus pressants et que les risques sont moindres. Le gage, c’est la raison même de la sacro-sainte institution : sans gages pas de Mont-de-Piété ; les gages du riche dépassant ce qu’on appelle les « Quatre chiffres », soit mille francs : bijoux et fourrures, diamants, obtiennent un prêt des deux tiers environ de leur valeur marchande. Mais les gages du pauvre, linge, matelas, robes, couvertures, instruments de travail, n’obtiennent que le cinquième tout au plus de leur valeur marchande. Ce n’est pas à dire que le Mont-de-Piété gagne gros par ces derniers objets, au contraire. La place précieuse qu’occupent tous ces effets encombrants, les frais de magasinage, d’écriture et de personnel sont tels que l’établissement économiserait plus des trois quarts de ses frais en repoussant systématiquement le gage pour toute valeur inférieure à cent francs, le gage étant avantageusement remplacé par un certificat d’honorabilité et de bonne conduite, délivré à l’emprunteur par la Mairie de son arrondissement. Pour les objets mis en dépôt par des commerçants, pour des sommes supérieures à cent francs — c’est la grande ressource des négociants — il n’y aurait qu’à substituer au Mont-de-Piété les docks prenant livraison des marchandises, contre avance des deux tiers ou trois quarts de leur valeur, et faisant ensuite circuler dans les marchés les warrants, ou bons représentatifs des marchandises, jusqu’à ce qu’elles trouvent preneur. Tout cela est d’une simplicité élémentaire, il y a des vingt et des quarante ans qu’on propose des réformes de ce genre aux diverses administrations de nos Monts-de-Piété, mais elles n’ont jamais voulu rien écouter. Il faut qu’une Commune de Paris surgisse tout-à-coup pour ordonner la réforme radicale et définitive : la liquidation.

Un dernier trait au tableau d’une de nos plus importantes institutions de charité religieuse et officielle, fonctionnant au profit des misérables et nécessiteux de Paris, c’est que les principaux employés jouissent de superbes traitements. Le Directeur ne perçoit pas moins de vingt mille francs par an, un peu moins que son collègue de l’Assistance publique. Après avoir écouté un très bon rapport, signé par la Commission du travail et de l’échange, Léo Franckel, président, ouvrier autrichien élevé dans l’école Lassalle, Malon,