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journal de la commune

un instant, disaient-ils, ils ne sont pas revenus, ils délibèrent avec le Comité Central… »

Varlin communique de son côté que quatre délégués du Comité Central sont arrivés à l’intendance pour lui annoncer qu’ils venaient se partager ses attributions et qu’il eût à leur remettre ses pouvoirs et s’en aller…

Tout cela nous inquiète fort. Nous ne regardons du côté de l’Hôtel de Ville que les sourcils froncés, que le front plissé. Nous craignons que dans cette lutte de maladresses entre les Gouvernements de Paris et de Versailles, ce soit la malheureuse Commune, doublée du Comité Central, qui parachève la plus grosse sottise. Au moins l’Assemblée de Versailles a-t-elle abdiqué tous ses pouvoirs entre les mains de M. Thiers et n’entend les reprendre que le lendemain de sa victoire. — Nos gardes nationaux se battent pour la Commune avec une constance inattendue, avec une bravoure étonnante… Les rues ne furent jamais plus tranquilles, plusieurs services, quelques mairies fonctionnent d’une manière vraiment satisfaisante… Mais c’est la direction qui, après avoir été médiocre dès l’origine, se détraque maintenant tout à fait ; c’est une voie d’eau qui s’ouvre dans le flanc du navire >

Nous autres, simples citoyens, qui ignorons les mystères des coulisses, et ne voyons le spectacle que du parterre, nous ne prenons parti ni pour le Comité Central contre la Commune, ni pour telles et telles individualités contre telles autres. Nous ne récriminons contre personne ; mais nous somme d’avis qu’une Dictature n’a pas la permission d’être maladroite ; dans une crise aussi terrible, quand la patrie, et plus que la patrie, quand l’idée est en danger, il ne devrait plus y avoir aucune mesquine préoccupation. Nous répétons les paroles que ce brave et honnête Delescluze adressait à ses collègues de la Commune : « Déposez aujourd’hui toutes vos haines ; il faut que vous sauviez le pays ! »

Mercredi, 10 mai.

Dans nos écoles, le seul jeu qui soit en faveur, celui qui a supplanté tous les autres sans distinctions, c’est celui de la Guerre civile. On élève et on enlève des barricades montées sur des éminences qu’on appelle Montretout,