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journal de la commune

qu’elle abdique entre les mains d’un nouveau Comité de Salut Public, d’un nouveau Ministre de la Guerre, et tout spécialement entre les mains de l’ancien Comité Central qui reparaît officiellement en scène.

Depuis quelque temps, on entendait dire que le Comité Central n’avait pas réellement abdiqué ses pouvoirs après les élections du 20 mars ; et que, fort de son influence presqu’exclusive sur la garde nationale, il ne s’est pas gêné pour critiquer, et souvent à bon droit, les agissements de la Commune, qu’il a fait ses représentations directes, suivies d’intervention, et aujourd’hui, parait-il, le char de notre pauvre République est traîné par deux attelages et deux cochers, l’un tirant à hue et l’autre à dia. — Rossel, le ministre de la guerre, a donné peut-être sa démission définitive ; il proteste quand il est à bout de forces, tous ses actes étant entravés par le Comité Central.

La confusion est peut-être au comble depuis que ce Comité Central a été installé en plein Gouvernement par une lubie du Comité de Salut Public, qui a profité des terribles pouvoirs à lui confiés pour improviser une grosse modification sans en prévenir ses collègues. Tout d’un coup, le centre de gravité s’est trouvé changé, il n’était plus dans le Comité de Salut Public, ni dans le délégué à la guerre, ni dans la Commune, il était replacé dans le Comité Central, toujours aussi obscur et anonyme que jamais. Le Comité Central était investi soudain de toute la partie administrative de la guerre… Mais toute la partie administrative de la guerre, cela peut fort bien passer actuellement pour la conduite entière et directe de la guerre…

Jourde, le délégué aux finances, raconte qu’il vient d’être sommé en quelque sorte de remettre l’argent des dépenses militaires à des hommes qu’il ne connaît pas.

Avrial, directeur de l’artillerie, dit s’être trouvé tout à coup en présence d’un Comité d’artillerie qu’il ne connaissait pas. « J’ai eu toutes les peines du monde à le mettre à la porte, et aujourd’hui, il va revenir ».

Johannard raconte que ces membres du Comité Central ont tout aussitôt revêtu les insignes de membres de l’Hôtel de Ville, sauf de légères différences, et, quand ils passent, on leur crie : « Vivre la Commune ! » « Les quelques employés que j’avais sous ma direction, m’ont quitté pour