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journal de la commune

peu. Les fakirs sont là pour prouver que la torture par soi-même est une des formes de la piété aiguë. De cela, il nous est impossible de juger : le profane est incompétent pour émettre un avis. Dans ces sanctuaires, soigneusement dérobés aux regards du monde et même de l’autorité civile, tout est fait pour dérouter l’œil de l’intrus. Mystère et discrétion !

Reprenons le récit du Mot d’Ordre. D’autres perquisitions ont amené la découverte d’environ deux cents robes et costumes de diverses étoffes et couleurs. Plus un souterrain communiquant avec un établissement de religieux, situé tout en face et de l’autre côté de la rue.

Dans une espèce de chenil, également dans les jardins, on a trouvé trois malheureuses, enfermées là depuis plusieurs années, sœurs Stéphanie, Victoire et Bernardine, claustrées dans un réduit de quelques mètres carrés. Leur état émut à colère et à compassion ceux qui les déterrèrent de ce bouge ; Bernardine et Victoire ont été recueillies dans des familles du quartier ; le 73e bataillon a adopté Stéphanie âgée de 61 ans. Interrogées sur la séquestration de leurs trois sœurs, les religieuses ont répondu que Victoire et Bernardine étaient aliénées. Quant à Stéphanie, un indéracinable esprit d’indépendance avait attiré sur elle un sévère châtiment.

Ces faits nettement articulés, ces allégations précises, ces objets matériels appellent une enquête impartiale, séparant rigoureusement ce qui est certain de ce qui n’est pas. Mais, tandis qu’on se bombarde et qu’on s’égorge, qui a les loisirs, qui a les moyens, qui a même le désir de procéder à une enquête minutieuse et accompagnée des garanties nécessaires ?

7 mai.

À peine constituée, la Commune de Paris, par l’organe de son comité de Sûreté Générale, interdisait la publication de Paris-Journal, des Débats, de la Liberté, du Constitutionnel, à Paris. Il va sans dire que ces journaux s’installèrent avec leur vieux personnel et un nouveau matériel à Versailles. Plusieurs feuilles, d’ailleurs, et, notamment, le Temps et le Siècle, publiaient quotidiennement deux édi-