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journal de la commune

pouvoirs à un Comité Exécutif qu’elle vient de renverser au profit d’un Comité de Salut public. Le nom est changé, les individualités ne sont plus les mêmes ; mais la situation ne s’est pas améliorée pour cela, il n’y a qu’un faux pas de plus.

Disait le citoyen Langevin : « Que voyons-nous ? L’Assemblée nommant des commissions et ne s’en rapportant pas à elles, discutant la façon dont elles exécutent les détails de leurs travaux…

Disait le citoyen Paschal-Grousset : « Des conflits de toute nature se sont élevés. La Commission Exécutive donnait des ordres qui n’étaient pas exécutés. Chaque commission particulière, se croyant souveraine, de son côté donnait aussi des ordres. De telle sorte que la Commission Exécutive ne pouvait avoir de responsabilité réelle et, faisant des efforts surhumains pour s’occuper de tout, en somme, elle n’arrivait à rien… »

Disait le citoyen Vaillant : « Qu’on ne fasse pas de pastiche révolutionnaire. L’important serait de transformer la Commune elle-même, d’en faire ce qu’était la première Commune de Paris, un ensemble de commissions travaillant de concert. Elle devrait commencer par se réformer elle-même et cesser d’être un petit parlement bavard brisant le lendemain ce qu’il a créé la veille aux hasards de sa fantaisie et se jetant au travers de toutes les décisions de sa commission Exécutive… »

Mercredi 3 mai.

Sitôt sa loi municipale faite, M. Thiers a voulu l’essayer. Le 30 avril dernier, toutes les communes de France, celle de Paris exceptée, ont été appelées à se choisir de nouveaux conseillers municipaux. Les élections ont été généralement mauvaises, et même fort mauvaises, nous disent les dépêches du gouvernement. Les élections ont été mauvaises, c’est-à-dire, elles ont été républicaines. Nos législateurs, qui attendaient monts et merveilles de leur loi toute neuve, sont amèrement désappointés ; ils croyaient avoir livré la France à la conspiration monarchique et, malgré tout, ils ont remis le pouvoir municipal en de mauvaises mains, — nous voulons dire en des mains républicaines. — En vain le mot