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journal de la commune

paru, il lui a livré Paris. Voyons donc ce que la République Rouge fera de la grande ville !

Maintenant que nous sommes privés de journaux, nous lisons avec plus d’attention les derniers numéros qui nous sont parvenus. À tout Seigneur, tout honneur ! la présidence est au vainqueur. Écoutons d’abord le National Zeitung, organe libéral, oh ! très libéral !

« Le parti radical des Buttes Montmartre garde plus que jamais ses canons et ses munitions, ses commandants, et forme ainsi un État dans l’État. Le gouvernement de M. Thiers n’ose, mais il faudra bien qu’il se résigne tôt ou tard à verser du sang, à moins qu’on ne préfère appeler nos soldats pour rétablir l’ordre, si nécessaire dans la « capitale de l’Europe ». Véritablement, nous étions bien sots, lorsque au jour de la déclaration de guerre, une certaine crainte se manifestait dans notre pays. Il faut l’avouer, nous avions peur de nous rencontrer avec les Français qu’on nous avait dit terribles, et qui sont tout au plus méchants. Ces gamins ont de l’esprit mais manquent de sens moral. Ils veulent la République sans savoir ce qu’est la République. On croyait généralement qu’après cette guerre les Français auraient pu profiter de leurs malheurs, mais non ! ils sont devenus plus insensés que jamais, et ils détruisent en ce moment les quelques ressources qui leur restaient encore. »

Et voici les oracles du Daily News, un des pontifes du libéralisme anglais : « Une fois de plus la canaille a conquis Paris. À l’occupation Prussienne a succédé une humiliation plus honteuse encore : le Drapeau Rouge flotte sur l’Hôtel-de-ville… Le Gouvernement de M. Thiers eut pu faire des miracles, n’eût été qu’il est par trop débonnaire. Une seule chose l’a empêché de faire hacher les canonniers de Montmartre par une charge comme à Balaclava, c’est sa tendresse pour les insurgés, son espoir qu’ils pourraient encore se repentir de leur mauvaiseté, et revenir au droit et à la légalité… Les classes respectables de la France ne peuvent que regretter amèrement les bénédictions de l’Empire, perdues sans retour aujourd’hui. Mais les classes moyennes, aveugles à leurs propres intérêts, ont sanctionné la chute de Napoléon… L’émeute qui vient d’éclater soudain c’est l’hallucination d’une révolution en délire, c’est absurde,