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journal de la commune

neur de faire partie depuis cinquante-six ans, permettez-moi de donner à l’un de vous l’accolade fraternelle »...

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Le vénérable Thirifocq prend le drapeau de la commune.

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Il est midi. Les clairons sonnent, les tambours battent aux champs, des vivats enthousiastes font écho.

Un ballon est lancé portant les trois points maçonniques avec ces trois mots : « La Commune à la France ».

Des membres de la Commune prennent place parmi les vénérables, et le cortège se dirige vers la Bastille.

Les soixante bannières flottent au-dessus des dix mille francs-maçons, s’inclinent devant la colonne de Juillet et saluent le génie de la Liberté.

Puis, par les grands boulevards, le cortège défile jusqu’à la Madeleine. Il est deux heures quand il s’engage dans le faubourg Saint-Honoré, la barricade qui ferme la rue Royale l’empêchant de passer par la place de la Concorde. Au moment où la tête du cortège arrive sur la place Beauveau, un frère qui précédait en éclaireur est atteint mortellement par un obus. Ce triste accident, grossi par les imaginations, donne lieu à des bruits faux, qu’on dirait inséparables de tout grand mouvement populaire : « On a tiré sur le drapeau blanc… Plusieurs francs-maçons ont été tués ou blessés… »

Le cortège s’arrête. On croit que l’obus a motivé cette halte et de toutes parts on crie : En avant ! Mais ce sont les officiers supérieurs et le bataillon en armes qui, après avoir accompagné jusque là les francs-maçons, les quittent afin de laisser à la manifestation son caractère pacifique. La colonne se divise en trois groupes convergeant vers l’Arc de Triomphe. Les obus tombent de temps en temps sur le quartier. Avenue Friedland, plusieurs projectiles passent tout à coup en sifflant sur les têtes de la foule et vont éclater dans les terrains vagues. Une vive émotion s’empare des manifestants, dont le plus grand nombre se couche à terre, mais tout le monde se relève aussitôt et reste à son poste. Pas un seul des vénérables, pas un des porte-bannières qui ont déjà franchi le cordon des sentinelles et se trouvent isolés au milieu de la chaussée, ne