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journal de la commune

les autres communes de France ; enfin la suppliant de tendre sa noble main à la main tachée de sang que ses ennemis n’oseraient lui présenter. Pour être plus hypocrite, ce langage n’est pas moins coupable, il énerve le sentiment du juste et de l’injuste ; il habitue à considérer du même œil l’ordre légal et l’insurrection, le pouvoir crée par le vœu de la France et la dictature qui s’est imposée par le crime et règne par la terreur.

« La promulgation de cette nouvelle loi vous impose, monsieur le procureur général, une tâche laborieuse ; je serai prêt à la partager avec vous. Nous avons été pendant de longs mois les témoins attristés de tous les maux que la guerre étrangère peut verser sur un pays ; dans la guerre civile que de grands coupables cherchent maintenant à allumer, notre rôle doit être plus actif ; notre intervention personnelle est un devoir plus impérieux. Vous et moi saurons le remplir. »

Recevez, etc.
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice.
J. Dufaure.

Il n’est pas donné à tous d’avoir la faconde Favresque. Ce n’est pas M. Dufaure, sec, net, prosaïque et nasillard, qui jamais eût trouvé l’heureuse comparaison des boulevards de Paris aux « plaines de Marathon infestées de brigands ». Toutefois cette énumération de tous les crimes prévus au code pénal qui se trouvent être le passe temps des membres de la Commune, et notamment les brigandages avec effraction et à main armée chez les bourgeois plongés dans le sommeil, cette énumération est d’un effet saisissant. — Paris ne fut oncques plus tranquille, certes, sauf les canonnades bruyantes, jamais si paisible et même vertueux. Chacun s’observe avec étonnement, on dirait que tous escrocs et filoux se sont réfugiés à Versailles, à l’ombre protectrice des policiers et argousins. Sur les traces des banquiers et gens d’église sont aussi parties cocottes et prostituées, secouant la poussière de leur traînante queue ; fidèles à la cause de l’ordre et de la famille, elles ont été rejoindre les beaux fils et les beaux militaires de la plus belle armée du monde. Paris ne fut jamais si moral… N’importe ! au provincial berné, il n’apparaît plus que