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journal de la commune

« Aujourd’hui la Vendée et la Bretagne soutiennent l’unité nationale. C’est la Commune de Paris qui fait exception à la France, c’est elle qui est en sécession.

« De même, le comité du salut public, qui, en 1793, travaillait au moins à sauver le pays, n’en poursuit actuellement que la dissolution. Il avait alors une raison d’être sinon légitime, du moins compréhensible. Expression suprême et violente de l’instinct national poussé jusqu’à la fureur, il était né pour concentrer contre l’ennemi toutes les ressources du pays, pour en discipliner toutes les forces, pour en tendre tous les ressorts.

« Mais qu’est-ce que le comité du salut public, qui commence par mendier la tolérance de la Prusse, par lui demander humblement la permission de persécuter, de traquer, de fusiller des Français, et qui ne paraît destiné qu’à ressusciter, au service de haines subalternes, les procédés de police employés au moyen âge par l’Inquisition ?

« Lors même qu’il se ferait illusion au point d’espérer vaincre les résistances de la France entière concentrées à Versailles, ne sait-il pas que la Prusse peut, d’un geste et d’un mot, l’anéantir ? que le premier résultat de son succès serait précisément de livrer la France à la Prusse ?

« On le voit, entre la Commune de 1871 et celle de 1793, il n’y a, malgré l’identité des dénominations, aucune ressemblance. Si désertée, si maudite que soit cette dernière, le seul résultat de la parodie lugubre contre laquelle le pays est réduit à se défendre sera de faire paraître moins odieux, par l’effet du contraste, l’objet épouvantable de cette imitation à contre-sens et à contre temps. À ses petits-fils dégénérés, Robespierre devra de la reconnaissance ; comparé à eux, il fait presque figure d’homme d’État.

« On se rappelle encore cette bande d’assassins et de brigands qui, à quelques kilomètres d’Athènes, firent prisonniers, il y a un an ou deux, des touristes anglais et un diplomate étranger en promenade, et massacrèrent ceux qu’une énorme rançon ne vint pas à temps délivrer de leurs mains.

« Ce n’est plus dans la plaine de Marathon, c’est en plein Paris, que se passent actuellement des scènes analogues. Il ne peut plus être question ici des orgies de la passion politique : ce sont purement et simplement les manières de