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journal de la commune

n’est plus que l’église Sainte-Geneviève, un endroit de plus où l’on dit des messes.

Qui remportera cette fois-ci dans la grande bataille entre la Croix et le drapeau rouge.

Mardi, 25 avril.

Nous jouissons depuis ce matin d’un nouveau Préfet de Police, au moins en apparence, car tout porte à croire que l’illustre Raoul Rigault, qui est maintenant avec son collègue Ferré dans le comité de sûreté générale, continuera d’être le réel chef de la police, à côté et sous le nom du citoyen Cournet, un bon et jovial garçon du Réveil qui, poursuivi plusieurs fois pour délit de presse, ne semblait pas devoir être jamais appelé à la triste fonction de mettre lui-même les gens en prison.

La séance, qui paraît avoir été orageuse, est extrêmement intéressante ; elle se répète chaque fois que les libéraux montent au Gouvernement. Elle se répétera chaque fois que les révolutionnaires prendront le pouvoir à un moment de trouble et de guerre civile. Dès qu’ils sont arrivés, les nouveau-venus pensent : « Il est plus commode de faire comme les autres ! »

Le citoyen Rigault : Hier, en mon absence, vous avez déclaré que tous les membres de la Commune auraient le droit de visiter tous les détenus. D’accord en cela avec le Comité de contrôle que vous m’avez adjoint, je demande que vous reveniez sur le vote d’hier, au moins en ce qui concerne les individus au secret. Si vous maintenez votre vote, je serai donc forcé de donner ma démission et je ne pense pas qu’un autre puisse, dans une pareille situation, accepter une pareille responsabilité.

Le citoyen Arthur Arnould : Des paroles du citoyen Rigauld, il ressort que le secret a été maintenu. Je proteste énergiquement. Le secret est quelque chose d’immoral. C’est la torture morale substituée à la torture physique. Eh bien ! au nom de notre honneur, il faut décider immédiatement qu’en aucun cas le secret ne sera maintenu. Même au point de vue de la sûreté, le secret est inutile. On trouve toujours le moyen de communiquer. Nous avons tous été mis au secret sous l’Empire, et pourtant nous sommes par-