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journal de la commune

t-elle pas dit quatre phrases en quatre lignes seulement :

Les monarchistes ont attaqué Paris parce qu’il est républicain. Paris défendra jusqu’au bout la Révolution démocratique et sociale, et il ajourne à la victoire que lui facilitera l’appui fraternel de ses sœurs, les villes de province, l’organisation de la République nouvelle !

Dimanche, 20 avril.

Décidément la non-réussite des élections du 16 avril nous est plus funeste que la perte d’un fort. C’est un échec moral, un grave échec. Le Temps et autres journaux réactionnaires étaient bien avisés : après avoir dit sur tous les tons que la Commune n’était plus en nombre pour délibérer valablement, ils ont donné à leurs amis le mot d’ordre de ne point se présenter au scrutin, ils ont aujourd’hui facile argument de présenter tous les abstentionnistes comme étant de leurs partisans. Tout se paie, les fautes par des revers, et les désastres moraux sont les avant-coureurs des désastres matériels. La Commune se débat maintenant dans l’illégalité. Elle eût pu faire une loi nouvelle, elle eût pu, pour des circonstances exceptionnelles, innover ou faire du provisoire — mais elle n’a pas su prévoir, et nous en subissons les conséquences douloureuses. Il y avait à pourvoir à de nombreuses vacances. Ces vacances s’étaient produites dans des arrondissements peu favorables à la Commune. Il eût été d’excellente politique, il eût été équitable de faire procéder par l’ensemble des vingt arrondissements à la nomination des vingt-six membres qui vont modifier si profondément la composition de la Commune. Il eût fallu faire de cette votation un événement, un jour de grande solennité. Est-ce que notre sort à tous n’en dépend pas ?

L’échec est là, mesurons-en la portée, débrouillons la confusion qui en est la suite.

De l’élection du 26 mars à celle du 16 avril, le nombre des votants a décru de dix à quatre. C’est énorme.

Pour que l’élection soit valable, la loi exige que le huitième au moins des électeurs inscrits sur les rôles donne au candidat un vote favorable. Onze des réélus, moins de la moitié, ont obtenu ce résultat. Les quinze autres auraient dû passer par l’épreuve d’un nouveau scrutin.