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journal de la commune



sur les échéances en souffrance depuis que, derrière M. Ollivier et l’Empereur, la France partit en guerre d’un cœur léger.

Il a été décidé en substance :

Que, jusqu’au 15 juillet prochain, c’est-à-dire jusqu’à la terminaison de la guerre civile, toute demande légale en remboursement est ajournée.

Qu’à partir du 15 juillet, les dettes de toute nature, portant échéance, seront réglées par douzièmes, payables de trimestre en trimestre, échelonnés par conséquent sur un laps de trois années.

La Commune, on s’en souvient, avait refusé de prendre d’emblée une résolution sur cette question des échéances, hérissée de difficultés ; elle avait sagement résolu de consulter au préalable les syndicats de commerçants, d’industriels, des corporations ouvrières. Le résultat n’a pas été aussi libéral pour les débiteurs qu’on aurait pu l’attendre, après l’exemple des États-Unis, peuple pratique, commerçant et industriel dans l’âme, qui, après la guerre esclavagiste, avait bravement accordé un délai général de cinq années pour la liquidation des dettes et créances entre particuliers. En fractionnant par coupures l’exigibilité des sommes, la Commune a de beaucoup facilité les remboursements ; la mauvaise année est reportée sur trois et d’une façon continue. L’arrangement, pour être moins radical que celui déterminé à Washington et New-York, n’en est pas moins pratique. Le commerce s’en déclare généralement satisfait : on entend bien dire de tous côtés qu’on a fait trop ou pas assez, mais le principe est admis sans contestation.

Là encore éclate avec une évidence singulière la différence d’humeur entre l’Assemblée qui siège à Versailles et celle qui siège à Paris. Contre la première loi, dite la loi des cent mille faillites, votée à Bordeaux dans un accès de stupidité et sous la haute inspiration de MM. Thiers et Dufaure, des protestations émues s’élevèrent autant dans le gros que dans le petit commerce parisien. Pétitions sur pétitions furent adressées, des quartiers entiers, des industries, des chambres de commerce adressèrent à Versailles leurs réclamations pressantes. Le Ministre de l’Intérieur,