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journal de la commune

« Comment cette majorité considérable, saine, sensée, ne s’est-elle pas réunie pour faire justice de la poignée d’agitateurs par lesquels elle se laisse dominer ?

« Elle reproche au gouvernement d’avoir abandonné Paris ?

« Mais elle oublie qu’il a fait appel à la garde nationale pour faire exécuter la loi et qu’après avoir attendu toute une journée, resté seul, livré à la sédition, il a dû se retirer près de l’Assemblée.

« Qui le croirait cependant, cette Assemblée elle-même, issue de suffrage universel, représentant dans son essence les principes républicains, est l’objet des attaques les plus vives, des plus coupables calomnies.

« On l’accuse de trahir la République et d’arborer le drapeau blanc : chaque jour on annonce qu’elle a proclamé un roi.

« Ces tristes inventions ne mériteraient pas de réfutation, si la crédulité qui les fait admettre ne prenait sa source dans un sentiment dangereux qu’il importe de bien constater pour démontrer l’erreur politique sur laquelle il repose.

« Paris est républicain ; il a acclamé la République du 4 septembre, et après lui la France entière l’a acceptée.

« C’est au nom de la République que le gouvernement de la défense nationale a lutté contre l’invasion, que la France mutilée est reconquise elle-même par le vote souverain du 8 février et par la réunion de l’Assemblée qui en est sortie.

« À ce moment solennel, la République pouvait être discutée ; car au gouvernement de fait du 4 septembre succédait le gouvernement légal maître de lui-même et des destinées du pays.

« L’Assemblée a eu la sagesse d’écarter toute délibération sur un si grave sujet, à l’heure troublée où les excitations passionnées pouvaient perdre la patrie.

« Elle a accepté la République comme un fait, se réservant de lui faire sublir l’épreuve du droit, et reconnaissant que la meilleure politique consistait à se ranger sous la bannière qui nous divise le moins.

« M. Le Président du Conseil a tracé son programme avec une fermeté et une franchise qui doivent être pour les plus défiants la plus solide des garanties. Il a demandé à l’Assemblée de réorganiser le pays, de guérir ses plaies, de