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journal de la commune

« Lyon, Toulouse, Marseille qui avaient un instant tressailli, sont rentrés dans leur vie laborieuse, paisible et fructueuse.

« Mais dans Paris, l’insurrection livrée à elle-même se déchaine librement, et par ce qu’elle fait de la capitale, elle montre ce qu’elle aurait fait de la France.

« Une tentative de conciliation tentée par quelques-uns des maires et des députés de Paris n’a abouti, après de stériles pourparlers, qu’à désorganiser et à dissoudre les derniers éléments de résistance qui subsistaient encore dans cette ville.

« Parmi les négociateurs, tous ceux qui étaient sincères sont venus reprendre leur place dans l’Assemblée ou se sont retirés de Paris : les autres ont trahi leur secret penchant en prenant parti pour les insurgés.

« D’abord dirigée par le Comité central, sorte de conseil militaire et dictatorial, l’insurrection a cherché à se légitimer par des élections qui ont abouti à l’établissement de la Commune. Ces élections, faites sans droit, sans listes, sans surveillance et sans garanties aucunes, n’ont amené au scrutin qu’une portion infime de la population électorale. Une partie des élus n’a pas même obtenu le huitième du nombre des électeurs inscrits. Quelques-uns sont des étrangers non naturalisés et 18 membres sur 92 ont donné leur démission.

« À peine constituée, la Commune, en face de laquelle subsistait toujours le Comité central, qui n’avait pas voulu se dissoudre, a remis ses pouvoirs à une commission exécutive de cinq membres, pour lesquels toute la politique se résume dans la reproduction gratuite et dans l’imitation atroce, quels que soient d’ailleurs le but, les circonstances et l’état social, des procédés de 1793. Ces antiquaires forcenés veulent que la Terreur ait, elle aussi, sa restauration, aggravée encore par les procédés du brigandage.

« Cette fureur d’anachronisme, qui cherche à copier les mauvaises journées de la Révolution, s’est appesantie sur Paris comme sur une proie. Les menaces de mort, la suspicion permanente ont amené une nouvelle émigration. Plus de 200 000 personnes ont quitté Paris, et, si l’on ajoute à ce nombre toutes celles qui, lasses d’être enfermées dans la ville par le siège, s’en sont échappées comme