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journal de la commune

Naturellement cette écume des nations n’a pas d’autre but que la destruction et la ruine de tout. Ce qu’elle fait semblant de revendiquer n’est que son prétexte et son mensonge. Toutes les choses que la Commune demande, l’Assemblée les lui offrait : 1o La Révision de la loi sur les échéances ? mais « l’Assemblée l’avait concédée » ; 2o Une loi sur les loyers ? « mais l’Assemblée l’avait promise » ; 3o des franchises municipales pour Paris ? « mais l’Assemblée avait discuté d’urgence la loi sur les municipalités » ; 4o Des garanties contre une restauration monarchique ? « mais l’honorable Président du Conseil s’est exprimé sur le respect de la forme républicaine dans des termes qui ne laissent aucun doute ». L’échelle descendante est curieuse à noter : 1o l’Assemblée « concède » ; 2o l’Assemblée « promet » : 3o l’Assemblée « discute » ; 4o quand il s’agit de la République, l’Assemblée se tait et laisse parler M. Thiers.

Revendications pour rire que tout cela : « Le mouvement qui a éclaté dans Paris ne porte en soi aucune idée. Il est né d’une haine stérile contre l’ordre social. C’est la fureur de détruire pour détruire. C’est un certain fonds d’esprit sauvage, c’est un besoin de vivre sans frein et sans loi, qui reparaît en pleine civilisation. » Il y a des journaux anglais qui confondent le mot « communal » avec le mot « communisme », et qui croient que c’est le communisme qui est installé à l’Hôtel de Ville. La circulaire de Versailles n’hésite pas à faire une confusion analogue : « le mot Commune ne signifie pas autre chose. Il n’est que l’expression des instincts déréglés, des passions réfractaires qui s’attachent à l’unité séculaire de la France comme à un obstacle. »

Les calomnies officielles auront beau faire, la France ne tardera pas à comprendre, si elle ne le comprend déjà, que c’est cette Assemblée si modérée et si conciliante qui a été la provocatrice, et que Paris ne s’est fâché que lorsqu’elle a voulu le récompenser de son siège héroïque en le désarmant et en le dégradant. La France verra qu’au fond du mouvement parisien il y a une idée : le droit de l’intelligence à ne pas être opprimée par le nombre. Et elle trouvera juste que ce droit soit respecté.

Au fond, la question est celle-ci : la République existe, Paris veut qu’elle dure. Versailles ne veut pas. Donc, le perturbateur, c’est Versailles.